Guide pratique du mémoire (ou dossier) de recherche | Partie 3 - Aide à la rédaction

Quand faut-il mettre une majuscule ?

Venons-en maintenant à l'orthographe. Bien entendu, tout le monde sait, même si on l'oublie parfois dans la pratique, que la majuscule est obligatoire en début de phrase, donc après une ponctuation forte, et lorsqu'elle introduit un nom propre. On rappellera toutefois que les ponctuations exclamative et interrogative ne terminent pas forcément une phrase, donc n'introduisent pas forcément de majuscules, et que l'usage des majuscules est parfois flottant dans des usages du type :

— cas pour lesquels le statut du nom, « propre » ou « commun », est, il faut bien le reconnaître, assez flou. Sachez en tout cas que vous pouvez écrire moyen âge ou Moyen Âge, avec ou sans trait d'union (moyen Âge et Moyen âge sont en revanche interdits) !

Rappelons également que lorsqu'une phrase introduit une prise de parole au discours direct, commence alors une nouvelle phrase, au début de laquelle la majuscule s'impose :

Dieu prend-il une majuscule ?

Dieu prend-il une majuscule ? Tout dépend du contexte. Si le nom de dieu appartient à un univers polythéiste, il est obligatoire — et logique — qu'il reçoive la minuscule : dieu est en ce cas un nom commun. On écrira donc : le dieu Jupiter, et écrire les Dieux est par conséquent une faute, car elle mêle un référent polythéiste à des préoccupations monothéistes. En revanche, que l'on croie ou non en Dieu, ne pas mettre de majuscule à Dieu lorsqu'il est le représentant unique de la divinité est une faute grave, même lorsque le nom est précédé de l'article ou du possessif (Mon Dieu). De la même façon, on emploiera la majuscule pour tout substantif le désignant : Seigneur, Agneau, Christ, Sauveur, etc. Ce principe est valable pour le Diable et ses synonymes : Démon, Ennemi, Malin...

La majuscule est-elle une marque d'emphase ou de déférence autorisée et typographiquement correcte ?

Il est des majuscules de déférence qui sont d'un usage plus ou moins flou selon le cas, et il ne saurait exister de règle fixe. Vous savez bien vous-même s'il faut écrire madame ou Madame selon que vous vous adressez à une autorité morale, sentimentale, religieuse ou sociale prestigieuse pour vous, ou bien à votre voisine.

Exemple

Attention au mot université : vous faites vos études à l'université après avoir quitté le lycée, mais vous êtes actuellement étudiant-e à l'Université de Bourgogne (nom propre).

Un autre phénomène d'emphase, bien plus courant dans les écrits universitaires, est celui qui consiste à attribuer une majuscule afin de mettre en valeur une notion abstraite, en particulier si cette notion est une catégorie philosophique. C'est, je pense, sous l'influence des majuscules nominales de la langue allemande écrite qu'à la suite de certains philosophes on écrit à propos du Beau et du Sublime. Il est vrai que lorsque le psychanalyste Jacques Lacan oppose l'objet à la Chose, que tel poète oppose la Femme aux autres femmes ou que l'on s'attaque à la tyrannie du Dollar, la majuscule a son importance. Il est vrai également qu'il est bien souvent commode d'opposer, notamment lorsqu'on parle d'un roman, l'histoire de ce roman, c'est-à-dire le déroulement des événements qui y sont narrés, à l'Histoire dans laquelle il s'inscrit, celle, universelle, qui apparaît sous la forme de la Guerre d'Espagne dans L'Espoir de Malraux ou de la dynastie des Stuart dans L'Homme qui rit de Victor Hugo.

Attention

Il faut éviter, dans tous les cas, la saturation de ces procédés d'emphase et de déférence :

Trop, c'est trop... et trop d'emphase laisse, hélas, trop facilement croire à votre lecteur que vous avez trop peu de maîtrise de la langue française ou de la réflexion critique.

Cette règle se prolonge dans le cas des titres binaires : Le Rouge et le Noir, voire ternaires : Le Bon, la Brute et le Truand.

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